Cet été j'ai réalisé qu'il y a cinq ans, à la même époque, j'ai commencé à faire du porte-à-porte dans les rues d'Ahuntsic pour me présenter aux élections fédérales. En effet, il y a cinq ans, j'étais le candidat du Parti vert pour cette circonscription. On me pose parfois des questions à ce sujet et j'ai décidé de partager les raisons qui m'ont poussé à le faire et les apprentissages que j’en ai tirés.

En 2019, mes deux enfants étaient au secondaire et pendant un certain temps, chaque vendredi, ils quittaient l'école et rejoignaient des groupes d'étudiants en grève pour le climat. Qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, ils marchaient dans les rues dans l'espoir d'attirer l'attention de la société sur leurs préoccupations pour l'avenir. Ils ont souvent eu l'impression que leurs efforts étaient en vain et que leurs appels n'étaient pas entendus. Cela m'a touché et ému, et j'ai voulu faire quelque chose. J'ai pensé que canaliser leur énergie vers l'action politique pourrait être intéressant et j'ai élaboré un plan. Je me suis dit : "Je me présenterai pour le Parti vert et j'impliquerai ce groupe de jeunes activistes dans le processus politique démocratique, afin de canaliser leur énergie vers un ensemble d'actions concrètes et d’avoir un impact solide”. Je me suis dit que ce serait un bon moyen de faire entendre leur voix. Cela m'a semblé plutôt cool. Bien sûr, ce n'était pas le cas. Il s'est avéré que c'était beaucoup plus cool dans mon esprit que dans le leur - la politique et les politiciens ne sont pas cool!

Je ne me faisais pas d’illusions; je n’allais pas gagner les élections. J'ai choisi de me présenter contre une candidate imbattable, une ministre du gouvernement actuel, qui continue de gagner les élections avec des marges plus importantes à chaque mandat. J'ai pensé que le fait de me présenter contre quelqu’un qui attirait beaucoup d'attention pourrait également attirer l'attention sur notre campagne. Je me sentais à l'aise de ne représenter qu’une seule cause : les préoccupations de la jeune génération en matière d'environnement. Personne ne pouvait m'en tenir rigueur ; personne n'est contre les jeunes et l'environnement.

C'était la première raison. La deuxième raison est que pour moi la démocratie, cette flamme fragile qui a repris vie il y a un peu plus de 200 ans après presque deux millénaires de sommeil, est très importante. La pratique est le meilleur des apprentissages, et j'ai décidé de découvrir comment fonctionne le système électoral, comment participer, s'organiser et se présenter aux élections. Ce serait didactique pour moi, ma famille et les hordes de jeunes qui nous rejoindraient. Peut-être pourrions-nous créer l'étincelle d'un véritable mouvement de participation massive des jeunes à la vie politique. J'aime les grands rêves. J'ai bel et bien appris comment se présenter à une élection au Canada, quelles sont les règles et les systèmes en place.

La troisième raison est que je savais que ce serait toute une expérience d'apprentissage pour moi. J'aime parler aux gens. J'aime serrer des mains et discuter avec des gens que je viens de rencontrer. Établir un rapport. Dans ma jeunesse, j'ai occupé de nombreux emplois de service à la clientèle et j'aimais bien le contact avec le public. En tant que musicien je donnais de temps en temps des concerts dans de petits bars et clubs de Montréal. J'aime présenter des idées et débattre de manière constructive avec des personnes ayant des points de vue différents. Je me suis dit que les élections seraient pour moi une excellente expérience pour me pratiquer à parler publiquement et améliorer de manière générale mes aptitudes en matière de relations publiques. Je voyais comment l'expérience m'enrichirait et comment le perfectionnement des compétences en communication serait bénéfique à toute activité professionnelle. Sur ce point, j'avais tout à fait raison. J'ai frappé à des milliers de portes, parlé à des centaines de personnes dans les rues et les parcs. J'ai participé à des débats publics contre la ministre et les autres candidats. J'ai été interviewé par les journaux locaux. J’ai bien aimé l’expérience.

Voici comment ça s'est déroulé. J'ai récolté le maximum de dons permis sans avoir besoin d’audit comptable. Cela m'a permis d'ouvrir un bureau électoral et de poser quelques centaines d’affiches. Il s'est avéré que les jeunes que j'espérais impliquer étaient pour la plupart déterminés à ne pas être politisés de quelque manière que ce soit, mais mon fils m'a rejoint dans de nombreuses expéditions de porte-à-porte. Nous avons mis en place une routine que nous améliorions en fonction des réactions que nous recevions. Des amis nous ont aidé. Nous avons rencontré un groupe de jeunes gens à qui leur école exigeait de faire du bénévolat et qui ont accepté de remplir cette obligation en me rejoignant le soir pour faire du porte-à-porte ou en passant des appels téléphoniques depuis le bureau électoral. J'ai participé à des débats dans des CEGEPs et des maisons de retraite. D'après les chiffres, je me suis bien débrouillé. Le folklore politique veut qu'un candidat ordinaire, inconnu de la population (c'est-à-dire qui n'est pas un artiste connu ou une personnalité médiatique), puisse être en mesure de contribuer jusqu'à 5 % des voix par son travail de terrain. Dans la circonscription d'Ahuntsic, le Parti vert a obtenu un peu plus de 6 % des voix, contre 2 % lors des élections précédentes. Dans les alentours de mon bureau électoral, où j'ai concentré mes efforts, entre 12 % et 15 % de la population a voté pour nous, alors qu'aux élections précédentes, les résultats pour les mêmes bureaux de vote se situaient entre 3 et 4 %.

Qui sait ? Peut-être qu'un jour je me présenterai pour un parti fort avec l'intention de gagner. Mais ce n'est pas pour tout de suite - je suis très occupé à travailler sur vos sites web et vos applications.

https://en.wikipedia.org/wiki/Ahuntsic-Cartierville_(electoral_district)

https://en.wikipedia.org/wiki/Template:2019_Canadian_federal_election/Ahuntsic-Cartierville

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